#1
La lisibilité, un pilier fondamental du design graphique
Pour qu’un message soit compris rapidement et facilement par le plus grand nombre, il est essentiel de travailler la structuration et la hiérarchisation des contenus, que ce soit pour un support de communication ou d'information.
L’organisation visuelle doit permettre de guider naturellement le regard, à travers une hiérarchie clairement définie :
- les variations de taille, de graisse, de contraste ou encore de couleur des typographies facilitent la lecture et la compréhension.
- la mise en forme typographique joue également un rôle central, en privilégiant des polices accessibles ou dessinées pour améliorer la lisibilité, adaptées au contexte et à la distance de lecture.
Il convient de penser cette lisibilité dans tous les formats :
- en signalétique où l’information doit être visible et rapide à saisir, même de loin
- sur des supports contraints comme les fiches horaires, où coexistent beaucoup d’informations dans un espace limité. Les contraintes de format imposent d’adapter la disposition, la taille et les formes typographiques pour ne jamais sacrifier la clarté de l’information.
En maîtrisant ces principes fondamentaux, le design graphique devient un outil puissant pour transmettre des messages efficacement, en rendant les contenus accessibles et agréables à lire, quels que soient le support et le public visé.
#2
L’accessibilité graphique en information voyageur : concevoir pour tous
L’accessibilité est un enjeu majeur dans la conception graphique, particulièrement quand il s’agit de supports destinés à l’information des voyageurs dans les transports. Le défi est de taille : il s’agit de créer des visuels clairs, compréhensibles et utilisables par tous, y compris les personnes ayant des déficiences visuelles, cognitives ou autres limitations.
La conception graphique accessible repose sur plusieurs principes fondamentaux :
- le contraste des couleurs, qui doit être suffisamment marqué pour assurer la lecture facile des textes, même pour les personnes daltoniennes ou malvoyantes. Par exemple, privilégier un fond clair et un texte sombre avec un ratio de contraste adapté permet de maximiser la lisibilité.
- la hiérarchisation claire des contenus qui organisent l’information selon une logique visuelle forte (par la taille des caractères, la graisse, les espacements, et la disposition). Cela permet de guider efficacement l’œil du lecteur et de faciliter la compréhension rapide des informations essentielles.
- le choix typographique avec des polices sans empattements, simples, un interlettrage suffisant pour éviter toute confusion et favoriser une lecture fluide dans des conditions souvent contraignantes (mouvement du véhicule, luminosité variable...).
- des supports qui s’adaptent à différents contextes et formats, qu’il s’agisse d’une signalétique visible de loin ou d’une fiche horaire dense, la clarté doit être conservée en ajustant la taille, le contraste et la hiérarchisation, tout en limitant la surcharge visuelle.
Intégrer l’accessibilité dans la création graphique, c’est s’assurer que l’information voyageur soit accessible, compréhensible et utilisable par le plus grand nombre, contribuant ainsi à une expérience de mobilité plus inclusive et sereine pour tous.
#3
Le pragmatisme en design graphique : savoir faire des compromis pour mieux informer
En design graphique, la quête du visuel parfait est souvent mise à l’épreuve par des contraintes réalistes : espace limité, diversité des publics, contexte d’utilisation, temps de lecture restreint… Dans ce cadre, le pragmatisme devient un allié indispensable. Savoir faire des compromis graphiques, c’est accepter de lâcher certains détails ou effets esthétiques pour mieux défendre ce qui est essentiel à la compréhension et à l’information.
Le compromis ne signifie pas renoncer à la qualité visuelle, mais choisir avec discernement ce qui sert vraiment le message. Par exemple, réduire la palette de couleurs, simplifier la typographie ou alléger la composition peut renforcer la lisibilité, rendre un support plus accessible ou garantir une lecture rapide. Ces choix sont particulièrement cruciaux dans l’information destinée aux voyageurs, où la fluidité et la rapidité de compréhension sont primordiales.
Il s’agit aussi d’anticiper les usages concrets : un panneau de signalétique doit être compris de loin en un coup d’œil, alors qu’une fiche horaire compacte doit condenser beaucoup d’informations sans créer de confusion. Chaque format impose donc des équilibres spécifiques, et le designer graphique doit ajuster son propos visuel pour ne jamais perdre de vue la finalité première : transmettre l’information efficacement.
Dans cette démarche pragmatique, la flexibilité et l’écoute sont des qualités clés. Il faut savoir tester, recueillir des retours d’usagers, et parfois sacrifier une touche graphique jugée “jolie” pour privilégier la clarté ou l’accessibilité. Car au final, un bon design graphique est celui qui fait passer l’information de manière fluide, instinctive et universelle, même si cela demande parfois d’abandonner certaines préférences esthétiques.
#4
Explorer les frontières de la lisibilité dans le dessin de caractères
La typographie ou le dessin de caractères repose sur un équilibre subtil entre la forme et la fonction : la lisibilité. Lors de mes recherches, notamment dans le cadre de mon mémoire de DNSEP aux Beaux-Arts de Caen, je me suis particulièrement intéressée aux limites de la lisibilité dans le dessin de caractères, explorant les frontières où la lisibilité se transforme et laisse place à d’autres dimensions graphiques.
La lisibilité ne se réduit pas à une simple reconnaissance mécanique des lettres : c’est un processus qui combine lecture et regard. Le lecteur décode un texte, mais il observe aussi les formes, textures et rythmes visuels qui façonnent son expérience de lecture. Ces mécanismes physiologiques et cognitifs imposent des contraintes mais ouvrent aussi des potentialités plastiques au dessinateur de caractères.
À mesure que l’on s’éloigne des formes typographiques conventionnelles, que l’on altère la clarté des lettres par des choix esthétiques ou expérimentaux, la lisibilité diminue. Mais cette limite n’est pas une barrière stricte, plutôt une zone où apparait une tension entre fonctionnalité et expressivité. Des designers comme Herbert Lubalin, Ruslan Khazanov ou David Carson ont exploré ces zones frontières, cherchant à créer un “dialogue” entre ce qui se lit et ce qui se voit.
Cette recherche révèle que les procédés d’altération (déformations, ruptures de formes, superpositions) génèrent des “plasticités”, des qualités esthétiques qui enrichissent la perception graphique, tout en jouant avec la compréhension du texte. Ainsi, la lisibilité peut parfois ne plus être l’unique but : elle laisse la place à l’expérimentation et à la création, dans un équilibre toujours délicat.
Néanmoins, pour qu’un caractère reste efficace dans la communication, une certaine familiarité des formes est nécessaire : elles doivent rester identifiables sans freiner la lecture. C’est cette tension, entre innovation formelle et contraintes de lisibilité, qui nourrit la création typographique contemporaine et offre de nouvelles voies d’expression.En définitive, comprendre et questionner les limites de la lisibilité dans le dessin de caractères ouvre un champ passionnant où l’art graphique dialogue avec l’expérience humaine de la lecture, entre rigueur technique et liberté créative.
Ces recherches m'ont permis d’approcher la lisibilité à travers le prisme du dessin de caractères, en la décortiquant jusqu’à ses fondements. Comprendre les caractéristiques essentielles qui rendent un caractère plus lisible qu’un autre, c’est saisir comment la typographie interagit avec la physiologie humaine et les mécanismes de la lecture. Ce travail m'a ouvert des pistes précieuses pour identifier des alphabets fonctionnels et adaptés aux besoins réels des lecteurs.
#5
Créer une collection de pictogrammes universels : l’exemple du Mont-Saint-Michel
Dans un lieu emblématique et très fréquenté comme le Mont-Saint-Michel, la gestion fluide des flux de visiteurs est un enjeu majeur. Pour permettre à chaque visiteur — peu importe sa langue ou sa culture — de s’orienter facilement, la création d’une collection de pictogrammes universels devient indispensable.
Le pictogramme est un langage graphique qui transcende les barrières linguistiques en délivrant des messages visuels simples et immédiats. Chaque signe doit être compréhensible en un instant, même pour une personne découvrant le lieu pour la première fois. Cette simplicité apparente cache une rigueur de conception importante, où chaque symbole est pensé dans un contexte précis.
Dans le cadre de la signalétique d’orientation et d’information des stationnements du Mont-Saint-Michel, le défi était double : optimiser la gestion des circulations tout en offrant des repères graphiques accessibles à tous. La conception graphique de ces pictogrammes s’est appuyée sur des principes fondamentaux : simplicité des formes, lisibilité maximale, cohérence visuelle et adaptabilité à différents supports et tailles.
La recherche graphique a débuté par une étude approfondie du contexte d’usage, des besoins des usagers et des contraintes environnementales (conditions lumineuses, distance de lecture, supports variés, météo). Chaque pictogramme a ensuite été stylisé pour réduire au maximum les détails superflus tout en conservant une forte expressivité et un message clair quelque soit la culture du visiteur.
Une grille modulaire a permis d’assurer une homogénéité dans la famille de signes, garantissant ainsi une lecture fluide quelle que soit la combinaison de pictogrammes sur un panneau.
Une grille modulaire a permis d’assurer une homogénéité dans la famille de signes, garantissant ainsi une lecture fluide quelle que soit la combinaison de pictogrammes sur un panneau.
Le résultat est une collection cohérente et universelle, qui facilite l’orientation, diminue la charge cognitive des visiteurs et améliore leur expérience. Ce travail illustre bien comment, en design graphique, la création de pictogrammes ne se limite pas à dessiner des formes, mais engage une réflexion profonde sur la communication visuelle, l’ergonomie et l’inclusion.
Ainsi, développer des pictogrammes universels, particulièrement dans des sites touristiques majeurs, est un exercice exigeant qui demande à la fois rigueur méthodologique et sensibilité artistique. Le Mont-Saint-Michel offre un bel exemple de ce que peut être une signalétique respectueuse des divers publics.